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villiers president en 2007,
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9 janvier 2006

Article de Frederic Bonneau / revue Catholique "la nef" du mois de Janvier 2006

"Discrimination. Le mot s'est imposé dans le vocabulaire politique l'an

dernier. Discriminés, les jeunes émeutiers de novembre! Plus de 9000

véhicules brûlés ; des écoles, des églises, des commerces incendiés: 200

millions d'euros de dégâts à la charge des assurances; 126 policiers et

gendarmes blessés; un mort : un paisible retraité frappé par un voyou qui

courait toujours à la fin du mois de décembre. Qu'importe! Le gouvernement,

qui ne veut voir dans ces violences qu'une jac querie sociale, prépare une

loi sur I' égalité des chances, pour mettre un terme aux discriminations que

subiraient les " jeu nes " en question.

Discriminés aussi, les militants homo sexuels qui revendiquent le « droit »

au mariage et à l'adoption, mais dont les exactions ne sont pas

sanctionnées : les auteurs de la profanation de Notre-Dame de Paris, qui y

ont célébré un simulacre de mariage homosexuel début juin, n'ont pas été

poursuivis, malgré les violences infli gées au recteur de la cathédrale.

Alors qu'un député qui leur conteste ce droit, Christian Vanneste, est

traduit en justice! Mais, qu'importe, là aussi : la mission par lementaire

sur la famille, créée par Jean -Louis Debré, s'apprête à proposer une

réforme du Pacs, selon les souhaits des associations homosexuelles.

Discriminés enfin les Noirs de France qui, se disant descendants d'esclaves,

ont créé le 26 novembre, à l' Assemblée natio nale, le Conseil représentatif

des associa tions noires! Le but de ses fondateurs : exprimer « le besoin de

reconnais sance et de mémoire » lié à l'his toire de la colonisation, mais

aussi « établir un bilan des discri?minations ethno-raciales » dont ils se

disent victimes. Et ça marche! La polé mique sur l'esclavage, rétabli dans

les colonies par Napoléon en 1802, a pris un tour si vif  que ni Jacques

Chirac, ni Dominique de Villepin n'ont osé partici?per à la commémoration de

la bataille d'Austerlitz, le 2 décembre, de peur de contrarier les militants

noirs.

Mais, de tous les hommes politiques, le plus sensible aux arguments de ces

com munautés est Nicolas Sarkozy. Le prési dent de l'UMP n'est pas seulement

décidé à accorder aux étrangers le droit de vote aux élections locales s'il

succédait à Jacques Chirac en 2007. Il s'est fait, aussi, le propagandiste

d'une politique importée des États-Unis : la discrimination positive. La

mise en place de cette politique pou vait se justifier, en Amérique, par la

volonté d'effacer un siècle de ségrégation raciale, dont les Noirs furent

victimes depuis l'abolition de l'esclavage, en 1865, jusqu'à l'arrêt Brown

du 17 mai 1954: ce jour-là, la Cour suprême mettait un terme à la

ségrégation sco laire, jugée non conforme à la Constitution des États Unis.

« On ne peut pas rendre sa liberté à un homme qui, pen dant des années, a

été entravé par des chaînes, l¹amener sur la ligne de départ d'une course,

lui dire qu'il est libre de concourir et croire qu'on est ainsi parfaitement

juste », déclara le président Lyndon Johnson en 1965, peu après l'adoption

du Civil Rights Act. Il s'agit bien de réparer les dégâts humains liés à la

ségrégation en adoptant des mesu res concrètes en faveur des Noirs, puis

d'autres minorités ethniques - l'en semble de ces mesures formant ce qu'on

appelle la discrimination positive (affir mative action, aux États-Unis).

Or, jamais la France n'a pratiqué sur son territoire, ni contre les Noirs,

ni contre les Maghrébins, de politique de ségrégation qui justifierait

l'adoption, à leur profit, de mesures de discrimination positive. Les deux

nations sont trop différentes pour qu'on applique, ici, une politique étran

gère à notre histoire.

L¹exemple des États-Unis n'en est pas moins instructif  par ses dérives. Il

n'était pas dans l'intention du législateur améri cain d'imposer des quotas

ethniques, ni pour l'attribution d'emploi, ni pour l'ad mission aux

universités. Mais comment vérifier l'efficacité de cette politique sans

dénombrer ses bénéficiaires ? C'est ce qui a conduit la Commission de l'

égalité des chances pour l'emploi (Equal employment opportunity commission)

et d¹autres agen ces fédérales à mettre en ¦uvre une sorte d' « arithmétique

raciale » dans le but d'assurer la promo tion de minorités censément

défavorisées. Quoi qu'en disent ses partisans, qui vou draient le

dissimuler, la discri mination raciale conduit for cément aux quotas

raciaux.

Communautarisme

Encore est-ce possible aux États-Unis, dont les habitants se définissent par

leur apparte nance à des groupes ethni?ques : Amérindiens, Afro -Américains,

Blancs, Hispani ques, Asiatiques. Mais en France ? La Constitution « assure

l'égalité devant la loi de tous les citoyens, sans distinction d'origine, de

race et de reli gion ». Veut-on revenir sur cette histoire, au risque d'atti

ser Ies querelles ethniques ? Ceux qui plaident pour le modèle

communautaire, en tirant argument de la faillite du modèle d'intégration

fran çais, en ont-ils mesuré tous les effets ? La discrimination posi tive

aurait pour conséquence l'affirmation des identités étrangères sur le sol

français, qui plus est aux frais de la République ou, si l'on préfère, des

contribuables...

les États-Unis en ont mesuré Ies effets pervers depuis vingt-cinq ans. La

criti que la plus sévère est venue d¹un homme d'affaires califor nien,  Ward

Connely. Selon lui, l'admission d'étudiants à l'Université sans considéra

tion de leurs mérites a conduit à la dévalori sation des diplômes, sans ga

rantir le succès des élèves issus de minorités ethniques : ceux qui n'ont

pas les compétences pour suivre un cursus long n'obtiennent pas leur

diplôme, ou ne le décrochent qu'à l'usure. Connely a obtenu que les

universités de Californie et de Washington démantèlent leur dispositif

d'affirmative action. Résultat : le nombre des étudiants noirs admis a

chuté, surtout au bénéfice des Asiatiques, principales victi mes de la

politique de discri mination positive. Précision : Ward Connely est noir.

La Halde

La France paraît pourtant vouloir ignorer les leçons de l'expérience

américaine. L¹an dernier, Jacques Chirac, a ins?tallé la Haute autorité de

lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), dont il a confié

la présidence à l'an cien patron de Renault, Louis Schweitzer, qui fut aussi

le directeur de cabinet de Laurent Fabius pendant plu?sieurs années. Dotée

d'un budget de plus de 10 millions d'euros, cette instance occupe de

somptueux locaux rue Saint-Georges, à Paris. Elle emploie une cinquantaine

de personnes, dont la moitié de Juristes.

Depuis sa création, la Halde a reçu plus d'un millier de réclamations, la

moitié con cernant des discriminations supposées à l'embauche. Bien que ce

ne soit pas une juridic tion, le gouvernement a déci dé de la doter d'un

pouvoir de sanction financière, sans pré judice des décisions des tribu

naux : une sorte de double peine, en somme. C'est la Halde qui, en octobre,

avait contraint la RATP, malgré les protestations des familles, à diffuser

la campagne d'affichage du salon Rainbow Attitude, où l'on voyait deux

homosexuels s'embrasser. Au nom de la lutte contre les dis criminations..."

F.B.

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